Maître Corbeau sur un arbre perché……

D’une part :

Depuis quelques années, toutes les communes sont invitées à contribuer à la valorisation touristique de leur territoire. Les élus peuvent proposer des projets, investir les différentes commissions touristiques ou en créer, bref promouvoir de toutes les façons le développement touristique et rendre leur région plus attractive.

D’autre part :

La prochaine réforme territoriale vise entre autres, à élargir le périmètre des regroupements communautaires :
Fusion département-région, disparition des pays, possibilité d’élargir le périmètre des  EPCI (établissements publics de coopération intercommunale), création de métropoles.

Cette réforme engendre des mécontentements divers :
-La prééminence de l’intercommunalité sur la commune qui découle des textes de loi ainsi que les transferts de compétences aux grandes structures est loin de satisfaire les élus locaux des petites municipalités qui pressentent une « vassalité » de la commune au service de l’intercommunalité.

Couplée à la loi des finances 2010, comprenant la suppression de la taxe professionnelle,
-La structure communale sera inévitablement amputée de ressources financières.

Voici pour des éléments apparemment sans rapport les uns avec les autres et pourtant,

Éclairage local , un rapprochement en catimini :

Le 22 décembre 2008 un article du Parisien titrait :
Le château ( Pierrefonds) veut sortir de l'ombre
Subitement mis à l'honneur dans l'émission « Des racines et des ailes », le château souhaiterait être éclairé à la nuit tombée . Mais pour cela, il faut de l'argent.

http://www.leparisien.fr/breuil-le-sec-60840/le-chateau-veut-sortir-de-l-ombre-22-12-2008-350332.php

L’article mentionne les réticences des élus face à l’investissement nécessaire (650 000€)
pour illuminer cette « danseuse » aussi prestigieuse que dispendieuse.

Entrée du second protagoniste de notre fable :

« Maître Renard, par l’odeur alléchée….. »

Le 28 janvier 2009, était signée une convention de partenariat entre l’office de tourisme de l’ARC (agglomération de la région de Compiègne) et celui de la communauté de communes d’Attichy. 

Le deal gagnant-gagnant :

Il est probable que l’argument avancé pour encourager ce partenariat était celui de faire bénéficier à la communauté de communes d’Attichy, l’aura de l’ARC, dotée du pôle de compétitivité mondial IAR (industrie-agro-ressources), des écoles (UTC, ESCOM) et du partenariat avec le centre de recherches INERIS.

De son côté l’ARC affichait ouvertement l’avantage de cette convention :

L'action touristique permettra de la (forêt de Compiègne) mettre davantage en valeur. Des initiatives seront coordonnées, à l'échelle du Pays du Compiégnois, c'est-à-dire avec le canton d'Attichy, pour que les deux châteaux, de Compiègne et de Pierrefonds, soient des locomotives touristiques encore plus puissantes. ( source Bulletin annuel de l’agglomération et de la ville de CompiègneJanvier 2010)

Enjeux et Stratégie pour ne pas froisser les susceptibilités les petits élus locaux :

-L’appel à contribution des petites communes à l’effort de développement touristique est un habile levier pour lever d’éventuelles réticences : il fait miroiter à tous une participation active, flatte les égos et renforce le sentiment d’appartenance territoriale.
Comme dit plus haut, toutes les communes regroupées au sein de l’intercommunalité d’Attichy ont été sollicitées pour un « Appel à projets touristiques ».
En bonnes élèves zélées, toutes y ont répondues ou s’efforcent de le faire, ainsi le maire de Tracy le Mont étalait récemment sur une page entière dans la presse locale les ambitions de sa commune en matière touristique.

Or, au regard de l’interdiction, pour les collectivités, de s'endetter pour financer leurs dépenses de fonctionnement, les projets retenus devront faire appel à des acteurs bénévoles à défaut d’un retour sur investissement rapide et intéressant.

On peut noter aussi que ce rapprochement en direction de Compiègne s’inscrit sûrement dans le bras de fer qu’oppose les tenants du ralliement du canton d’Attichy à la vallée de l’Aisne et ceux favorables à l’intégration du canton à l’ARC ; du moins la durée très courte (3 ans) de ce partenariat semble l’attester.


Conclusion :

En réalité derrière une volonté de promotion touristique ouverte à tous, se dessine la mise en œuvre d’un tourisme de prestige et d’affaires à forte valeur ajoutée, d’ores et déjà la château de Pierrefonds acceuille des séminaires plus rémunérateurs que ne le ferait un musée, un parcours ludo-pédagogique ou même la rénovation de la Ville des Gaules pourtant lieu d’archéologie reconnu.
Tout le monde connaît la morale de la fable de la fontaine ; rappelons nous aussi qu’au final le fromage convoité n’est pas partagé.