Exonération foncière à suivre........
Note à nouveau un peu longue mais qui mérite qu'on s'y arrête.
Les 2 premiers textes portent sur le même sujet : la possible exonération fiscale en périmètre sévéso, les deux textes sont datés de janvier 2010, le premier émane d'un site à l'adresse des élus locaux, le second du Sénat (lequel est déjà en ligne sur ce blog).
Premier texte (source le Courrier des Maires) :
C. Exonération partielle de taxe foncière sur les propriétés bâties des
habitations construites en périmètre Seveso (art 48 LFR 2009)
Pour compenser la baisse de valeur des habitations construites dans un
environnement classé en périmètre Seveso, cet article permet aux
collectivités territoriales et EPCI d'exonérer partiellement de la taxe
foncière (à concurrence de 25% ou de 50%) ces habitations, sans attendre
l'adoption d'un PPRT en visant directement le classement Seveso «seuil
haut» caractérisées par:
- sont édifiées à moins de trois kilomètres de la limite de propriété
d'un établissement comportant au moins une installation Seveso;
- ont été achevées antérieurement à la construction de l'installation
Seveso;
- ne sont pas situées dans un périmètre d'exposition prévu par un plan
de prévention des risques technologiques.
Commentaire:
les 3 conditions doivent être remplies pour bénéficier de l'exonération,
si la première (être à moins de 3km d'une installation sévéso) et la
3ème (en dehors d'une zone de délaissement ou expropriation) sont
claires, en revanche la 2éme condition (phrase colorée) est des plus
ambigüe.
En effet le législateur ne définit aucunement l'antériorité. Il mentionne l'appellation dite sévéso or il n'existe pas de constructions dite sévéso avant la transposition de la directive européenne (d'ailleurs jalonnée de plusieurs dates)
L'appellation sévéso vise à prévenir les accidents majeurs impliquant des substances dangereuses et limiter leurs conséquences pour l'homme et pour l'environnement. C'est ainsi qu'en pratique se met en place un zonage (Z1, Z2) autour de sites potentiellement dangereux afin d'éviter la croissance d'une urbanisation.
Or avant cette directive, l'urbanisme est déjà en place dans beaucoup de cas, sur quoi porte donc l'antériorité ?
la construction de l'établissement (lequel date parfois d'avant 1900) ou la prise en compte récente de sa dangerosité ?
Quand est édifiée en 1896 l'usine de produits chimiques, dite de Cuise Lamotte ou de Lamotte Breuil, par la société industrielle de produits chimiques, à
proximité d' une petite savonnerie, l'urbanisation se greffe autour du site gros pourvoyeur d'emplois sans que personne ne s'émeuve d'un quelconque risque encouru par la population environnante. Or une centaine d'années plus tard cette population agrégée autour du site est la première exposée à des risques tout en étant la plus touchée par la dépréciation foncière qui va de pair.
2ème texte (source Sénat) :
Par ailleurs, les propriétaires d'habitations concernées par un périmètre SEVESO4(*) peuvent désormais être exonérées de TFPB, alors que le PPRT n'a pas encore été adopté.
En effet, le nouvel article 1383 G bis du CGI, issu de l'article 48 LFR, autorise les collectivités territoriales et les EPCI dotés d'une fiscalité propre à exonérer de taxe foncière sur les propriétés bâties, à concurrence de 25 % ou de 50 %, les constructions affectées à l'habitation qui :
- sont édifiées à moins de trois kilomètres de la limite de propriété d'un établissement comportant au moins une installation classée implantée sur un site nouveau et susceptible de créer, par danger d'explosion ou d'émanation de produits nocifs, des risques très importants pour la santé ou la sécurité des populations voisines et pour l'environnement ;
- ont été achevées antérieurement à la construction de l'installation mentionnée à l'alinéa précédent ;
- et ne sont pas situées dans un périmètre d'exposition prévu par un plan de prévention des risques technologiques.
L'autorisation d'exonérations est laissée à l'appréciation des collectivités territoriales concernées et leur coût n'est pas compensé par l'État.
Commentaires :
Le Sénat évite la référence à une quelconque antériorité et vise la nouveauté, un site "nouveau" par rapport à quoi ? et n'apporte pas plus de réponse que précédemment. On peut aisément supposer que ce flou volontaire laisse une marge de manoeuvre large à des revendications collectives d'administrés qui chercheraient à faire valoir leurs droits.
En guise de conclusion à ce qui n'est qu'un début puisqu'inévitablement ce texte en l'état sera source de contentieux, voici un extrait expliquant très clairement les intentions de cette loi (source AMF Association des Maires de France, 14 décembre 2009) :
- Exonération de la taxe foncières sur les propriétés bâties
Depuis 2008, l’article 1383 G du Code général des impôts permet aux
communes, intercommunalités, départements et régions d’exonérer de taxe
foncière sur les propriétés bâties, chacun pour la part qu’il perçoit,
les habitations situées dans le périmètre d’exposition d’un plan de
prévention des risques technologiques (PPRT). Cette exonération porte,
au choix de la collectivité, soit sur 25% soit sur 50% de la cotisation
concernée. Une disposition adoptée institue ce même dispositif pour les
plans de prévention des risques miniers (PPRM).
- Correction des valeurs locatives des habitations
Pour tenir compte de la baisse de valeur des habitations construites
dans un environnement jadis favorable et aujourd’hui classées en
périmètre SEVESO, baisse de valeur que la non-révision des bases de la
fiscalité locale interdit de prendre en compte, la loi de finances
rectificative pour 2006 avait prévu la possibilité pour les
collectivités et les EPCI d’exonérer partiellement de la taxe foncière
ces habitations. Le critère retenu alors était l’insertion dans le
périmètre d’un plan de prévention des risques technologiques (PPRT). Or
la longueur de la procédure de prescription, d’élaboration puis
d’approbation des PPRT fait que cette disposition n’a pratiquement pu
être appliquée nulle part. Les familles concernées, souvent de situation
modeste, continuent donc de payer des impôts locaux plus élevés que ce
qu’elles devraient, en toute équité, payer. Pour tenir compte de cette
situation, la disposition adoptée vise directement le classement SEVESO
seuil haut (AS) des installations plutôt que les PPRT, dont beaucoup
n’ont même pas encore été prescrits.
L'association AEC a d'ors et déjà interpellé différents acteurs à ce sujet et suivra le dossier de très près.